Bonjour,
A 5 mois il est possible de donner, à la cuillère, toutes sortes de fruits crus bien mûrs (écrasés ou mixés) ou cuits ; même les fruits rouges et les fruits exotiques.
Les recommandations actuelles proposent de donner dans la main du bébé, dès l’âge de 6 à 8 mois, des morceaux de pain riches en croûte et des biscuits, et dès l’âge de 8 à 9 mois des petits morceaux de légumes, de fruits et de fromage. Ces morceaux doivent être proposés dans une assiette séparée : l’enfant mange la purée et la compote à la cuillère et les morceaux avec les doigts, même si cela engendre quelques salissures…
Les recommandations actuelles insistent sur la convivialité et la découverte de nouveaux aliments en famille ou avec des enfants du même âge en collectivité.
Les recommandations actuelles conseillent de respecter l’appétit et les goûts de l’enfant. Cependant en cas de refus d’un aliment il est conseillé de ne surtout pas forcer l’enfant, mais de proposer à nouveau l’aliment refusé 2 à 3 jours plus tard, dans une ambiance conviviale et détendue. En cas de nouveau refus, il faut recommencer 2 à 3 jours plus tard, et ainsi de suite. On a montré qu’ainsi, après parfois 8 présentations de l’aliment initialement refusé, sans aucun forcing mais dans la joie et la bonne humeur, celui-ci est finalement accepté et même apprécié (alors que si l’on n’insiste pas, l’aliment refusé le sera pour longtemps ou même définitivement).
La DME, dans ses principes, est déjà ce qui est actuellement proposé par les recommandations nutritionnelles actuelles. Par contre la DME pure et dure dans laquelle un bébé peut faire n’importe quoi, n’est pas conseillée par les spécialistes de la nutrition infantile. Comment un bébé saurait-il ce qui est bon pour lui tant au niveau des choix d’aliments que des quantités d’aliments ! Actuellement les jeunes enfants consomment 4 fois trop de protéines (cet excès est délétère pour les reins et entraîne un fort risque d’obésité ultérieure) et ils manquent nettement d’apport de matières grasses, pourtant indispensables au développement cérébral…
La DME est à la mode car beaucoup de parents ignorent les recommandations nutritionnelles actuelles et c’est donc pour eux une solution de facilité…
Ci dessous un article récent sur la DME par le dr Salinier, pédiatre, ancienne présidente de l’Association française des pédiatres ambulatoires :
Diversification menée par l’enfant (DME), expression excessive d’une théorisation sur un comportement naturel de parentalité qui a été complètement oublié Tout parent suffisamment observateur de son enfant, suffisamment confiant, suffisamment soucieux d’éducation nutritionnelle saura « instinctivement » donner, dès que l’enfant sait prendre et porter à sa bouche, de petits bouts de légumes fondants, un quignon de pain, de petits bouts de fromage, etc. Il saura le laisser manipuler les aliments.
L’invasion pratique et sécuritaire du « babyfood » sans morceaux (ou avec morceaux mélangés à du fluide, ce qui est une incongruité, mais les industriels prétendent ne pas savoir faire autrement), la crainte de la fausse route, le manque de temps des parents, leur manque fréquent de spontanéité par anxiété, tout cela a fait que cette pratique de la découverte spontanée de nouvelles textures, des morceaux, etc. s’est perdue et qu’il faut maintenant la théoriser sous un vocable : « DME ». A force de ne pas avoir su passer à l’écrasé et aux petits morceaux à neuf mois, on se retrouve au refus des morceaux très tard et, en réaction, à ce nouveau concept.
Et nous voilà dans l’excès inverse ! Voyez-vous d’un bon œil un bébé de six mois prendre un bout de concombre ou de carotte crue ? S’ils sont très gros et qu’il se contente de les sucer, je suis bien d’accord, mais s’il les croque ? Et de toutes les façons, il ne va pas se nourrir avec !
Autre excès : dans la crèche où je passe, on prétend appliquer ce concept de DME ; ainsi, on présente aux enfants un plateau-repas avec tous les plats du repas et on les laisse totalement libres de manger dans l’ordre qu’ils désirent et comme ils veulent, avec cuillère, fourchette, doigts, main droite, main gauche, etc. En cinq minutes, chaque barquette, dans chaque plateau, a une couleur indéfinissable ; le camembert surnage dans la purée de carotte et le veau dans la compote, le sol est jonché… Quand je dis que cela me paraît complètement contre-productif en termes d’éducation du goût, d’éducation à la structure normale d’un repas, d’éducation de la tenue à table (sans être particulièrement rigide, on peut au moins tenter d’apprendre progressivement à piquer la fourchette, même si l’autre main prend avec les doigts), on me répond : « DME » ! J’ai donc proposé une réflexion en équipe pour réétudier cette question. Bien évidemment, c’est bien plus simple pour le personnel : quinze plateaux identiques, on laisse faire, et on nettoie ensuite les visages, les mains, le sol et les tables. Mais nous, les adultes, en dehors du plateau du self, avons-nous le dessert en même temps que l’entrée ? Et n’avons-nous pas plus de plaisir à un repas structuré qu’à un plateau où les odeurs, les couleurs, les anticipations des goûts se mélangent « à première vue » ?